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Présentation

  • : Le blog de l'Amicale des Anciens de la Légion Etrangère d'Indre-et-Loire
  • : Ce blog présente toutes les activités de l'Amicale. Vous êtes invités à transmettre vos textes et photos pour enrichir ce blog soit en contactant le Président soit en écrivant à zeraldavert@gmail.com
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Profil

  • AALE 37
  • Pierre LORAILLER 
- Ancien Caporal au 1er R E P et de la Police Militaire à SIDI BEL ABBES 
- Président de l’AALE d’Indre et Loire depuis le 01/01/2003 
- Délégué AALP Région Centre.
  • Pierre LORAILLER - Ancien Caporal au 1er R E P et de la Police Militaire à SIDI BEL ABBES - Président de l’AALE d’Indre et Loire depuis le 01/01/2003 - Délégué AALP Région Centre.

A.A.L.E. 37

Buts : Entretenir et développer les sentiments de camaraderie et de solidarité qui caractérisent la Légion Etrangère.

Pérenniser le souvenir du Combat de Camerone.

 

Président :

LORAILLER Pierre

Mail : zeraldavert@gmail.com

 

Composition du bureau directeur :

1er Vice-Président : SCHULLER Pierre

2e Vice-Président : Colonel FUSALBA Thierry

Secrétaire et Trésorière : THERET Nadine

 

Président d’Honneur : Général de Brigade (2S) BREUILLE Eric (Ancien Chef de Corps du 1er REG)

 

Administrateurs :  

LEBIGRE Yannick

THERMEAU Jean-Claude

 

Contrôleur aux Comptes :

BERGEOT Dominique

 

Porte-drapeaux :

BENYAHIA Hikmat

GAUTIER Dominique

 

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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 15:25

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 779

“Légionnaire, tu es venu volontairement à nous. De ton gré, tu t’es engagé à servir avec Honneur et Fidélité… Comme tes anciens, tu serviras de toutes les forces de ton âme et, s’il le faut, jusqu’à l’ultime sacrifice, cette Légion devenue ta nouvelle Patrie, et tu conserveras toujours en ton coeur cette devise : Legio Patria Nostra. Ainsi commence le mémento du soldat de la Légion étrangère, édité à Sidi Bel Abbès en 1937, Ancêtre de notre Code d’honneur actuel. Les anciens ont tenu à ce que sur la première page de ce mémento figurent nos deux devises : Honneur et Fidélité, inscrite sur les drapeaux et étendards de la Légion étrangère, et Legio Patria Nostra, inscrite sur nos tambours et sur l’insigne du 3e Étranger.

On entend généralement par devise une phrase courte, choisie par une organisation sociale, un pays, une dynastie, pour lui dicter une ligne d’action ou un idéal. Les devises militaires françaises sont anciennes : les mousquetaires avaient la leur “un pour tous, tous pour un”, la plupart des régiments étrangers au service de la France sous l’Ancien régime avait choisi “Nec pluribus impar”, aujourd’hui devise du 1er REC. Ces devises ont été supprimées sous la Révolution à la dissolution des régiments et à leur transformation en demi-brigades. Le Premier Consul, puis empereur Napoléon 1er, choisit pour la Grande Armée la devise Valeur et discipline, qui resta, peu ou prou, en vigueur jusqu’en août 1914, lorsque le général Galliéni imposa pour tous les emblèmes l’inscription “Honneur et Patrie”, devise par ailleurs déjà inscrite sur le revers du 1er drapeau de la Légion étrangère de 1831 à 1835, et de 1840 à 1844 après la cession de la Légion à l’Espagne. En 1920, les mots Honneur et Fidélité furent inscrits sur nos emblèmes : cette devise du régiment suisse de Diesbach sous l’Ancien régime fut choisie pour marquer, d’une part la pérennité des soldats étrangers au service de la France, et d’autre part la nécessité de leur donner une nouvelle patrie. En effet, il ne va pas de soi de confier les armes du pays à des étrangers, et il n’est pas non plus évident pour des étrangers de risquer leur vie pour un pays qui n’est pas le leur. C’est donc pour cela que le lieutenant-colonel Rollet, après la 1re Guerre mondiale, avait tout fait pour “adopter pour les trois drapeaux la devise Honneur et Fidélité, formule qui fi gure depuis toujours sur l’acte d’engagement”. Il fut entendu par le ministre, et le décret de 1920 précisa que “les drapeaux et étendards des régiments de Légion étrangère, déjà existants ou créés dans l’avenir, porteront la devise Honneur et Fidélité”.

Les deux devises de la Légion Honneur et Fidélité et Legio Patria Nostra nous permettent de réfléchir aux liens entre la Fidélité et la Patrie. Les dictionnaires donnent habituellement deux sens majeurs au mot Patrie : le pays où l’on est né, la terre des pères, le pays auquel on appartient comme citoyen, et pour lequel on a un attachement affectif ; la communauté, nation, à laquelle quelqu’un a le sentiment d’appartenir, c’est-à-dire le “vouloir vivre ensemble” d’Ernest Renan. Dans les deux cas, l’attachement affectif est prégnant, et l’enjeu de la Légion étrangère est de faire tout pour que l’étranger qui porte les armes de la France s’approprie la devise de Franklin, via le sentiment fort d’appartenance à la famille légionnaire : “Tout homme a deux patries, la sienne et puis la France”.

On ne sait pas exactement quand ni comment est née et a été adoptée la devise Legio Patria Nostra. Il est possible qu’elle soit à rapprocher du concept de la Légion “lieu de refuge” et “lieu d’asile” qui s’est répandu après 1871, lorsque la Légion accueillit un grand nombre d’Alsaciens et de Lorrains, devenus apatrides du fait de l’annexion de leur province par l’Allemagne. À ce sujet, monsieur René Doumic, secrétaire perpétuel de l’Académie française, cité en 1926 par le général Rollet dans sa préface du livre de Jean Martin “Je suis un légionnaire”, disait : “N’oublions pas que de 1870 à 1914 la Légion a été le refuge de ceux qui gardaient au coeur l’amour de la Patrie perdue. Maintenant, grâce au ciel, les Alsaciens et les Lorrains n’ont plus besoin de venir à la Légion pour servir la France, mais quels fiers légionnaires ils ont été”. Il est donc fort probable que la question de l’Alsace Lorraine fût l’origine de cette devise, de même que l’arrivée en masse des engagés volontaires pour la durée de la guerre en 1914. En effet, le 29 juillet 1914, des étrangers intellectuels lancèrent un appel solennel de soutien à leur patrie d’adoption : ”Des étrangers amis de la France qui ont pendant leur séjour en France appris à l’aimer et à la chérir comme une seconde patrie, sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras. Intellectuels, étudiants, ouvriers, hommes valides de toute sorte, nés ailleurs, domiciliés ici, nous qui avons trouvé en France la nourriture matérielle, groupons nous en un faisceau solide de volontés mises au service de la France.” Blaise Cendrars fut un de ces intellectuels et alla jusqu’au bout de ses idées en s’engageant à la Légion étrangère. Cet appel lancé eut un grand succès : on rapporte que cinq jours après cet appel, dans la seule journée du 3 août, 8 000 étrangers se présentèrent dans les centres de recrutement !

On prête aussi parfois l’origine de la devise Legio Patria Nostra au sous-lieutenant Mader, qui pour tous reste l’adjudant-chef Mader, photographié au côté du lieutenant-colonel Rollet portant le drapeau du RMLE. D’origine allemande, ayant eu des déboires dans son armée, engagé à la Légion étrangère en 1908, combattant au Maroc, commandeur de la Légion d’honneur, médaillé militaire, cité neuf fois au cours de la 1re Guerre mondiale dont trois fois à l’ordre de l’armée, il perdit au combat son bras gauche en juillet 1918, et fut réformé. Retiré à Strasbourg comme gardien du Palais du Rhin, il traversera la triste période de la réoccupation de l’Alsace-Lorraine en se faisant passer pour sourd-muet. C’est le symbole même du légionnaire dont la fi délité à la patrie d’accueil l’emporte sur l’attachement à sa patrie d’origine. L’appartenance à la Patrie “Legio”, à cette nouvelle famille, n’oblige en aucun cas à la répudiation de la patrie d’origine, que la Légion étrangère respecte : le légionnaire est parfaitement libre de conserver sa nationalité, et la Légion demande son accord à tout légionnaire qui pourrait être envoyé combattre contre son pays d’origine.

Dans ce KB sont relatées les différentes participations de la Légion au 14 juillet. Aujourd’hui comme hier, le légionnaire reste “un volontaire servant la France avec honneur et fidélité”, et la Légion est sa Patrie. Deux des trois drapeaux des régiments ayant combattu pour la Libération étaient présents cette année sur les Champs-Elysées. Ce fut un grand honneur pour les légionnaires d’aujourd’hui de se rappeler ce qu’avait proclamé le général Pélissier, commandant supérieur de la Province d’Oran, en juin 1854 au 1er Régiment de la Légion étrangère qui partait pour la Guerre de Crimée après avoir construit Sidi Bel Abbès : “Rappelez-vous, en suivant le chemin de l’honneur, qu’il n’est pas de plus beau titre au monde que celui de Soldat français, et que ce noble drapeau qui fl otte au milieu de vos baïonnettes est désormais votre Patrie”.

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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 10:26

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 778

“Et le temps passera, ces hommes anonymes sous le képi blanc continueront de défiler et de se battre comme ils l’ont toujours fait, relevés par d’autres hommes au même képi blanc, ayant toujours dans les yeux le reflet de cette foi intérieure qui ennoblit la Légion”.

Par ces mots si profonds, le Maréchal Juin traduit le caractère intemporel de la Légion cité dans le 1er couplet du Boudin, “Au Tonkin, la Légion immortelle…”. Il associe au baroud, la gloire et le panache des défi lés des légionnaires, qui depuis toujours font vibrer les spectateurs. Mais surtout, il peint le regard du légionnaire. Regard qui reflète son âme, car comme le dit l’adage, “les yeux sont le miroir de l’âme”.

Qu’est-ce donc que cette foi intérieure du légionnaire qui ennoblit la Légion ?
Le dictionnaire Larousse défi nit la foi comme une “adhésion totale de l’homme à un idéal qui le dépasse, à une croyance religieuse”. Saint Jean Damascène parlait de “Consentement sans discussion”. En se rapprochant d’Aristote, Saint-Thomas d’Aquin, plus nuancé, associe foi et raison. Au cours des siècles, les philosophes ont longuement débattu sur ce rapport entre foi et raison, classant l’un par rapport à l’autre, niant l’un et/ou l’autre.

Sans entrer dans le débat philosophique pour savoir où placer le curseur, je dirais que la foi du légionnaire est bien là, mais elle n’est pas innée : on peut effectivement parler de foi, car l’adhésion du légionnaire à la famille Légion est totale, et que cette famille représente bien pour lui un idéal qui le dépasse. C’est ce qu’écrit le général Olié dans le testament de Camerone : “dans un monde et une époque de petite foi, ce legs donne la certitude grave, exaltante, durable, d’agir et de servir un idéal d’honneur et de fidélité qui nous dépasse”. Mais cette adhésion est le plus souvent progressive : pour certains, elle vient lorsque le jeune candidat à l’engagement passe “chez les rouges” après une sélection sévère. Pour d’autres, il faudra attendre la remise du képi blanc, la reconnaissance d’un chef, l’obtention d’un brevet ou de la fourragère, un défi personnel relevé, l’intégration totale au sein de la section, ou bien tout simplement du temps, cinq, dix, quinze années voire davantage, car le temps forge la raison et crée l’unité. Dans le livre d’or de la Légion, une personnalité écrivait d’ailleurs : “la France trouve ici son laboratoire d’humanité où scintillent les diversités du monde agrégées sur l’unité des coeurs”.

C’est en cette unité des coeurs que croit d’abord le légionnaire.

Pourquoi cette foi ennoblit-elle la Légion ?
Laissons répondre les légionnaires eux-mêmes. Lors de leur circuit de départ à la maison mère, avant de se recueillir dans la crypte du musée qui abrite la main en bois du capitaine Danjou et les drapeaux des régiments dissous, les partants s’entretiennent avec le général ou le colonel adjoint. Les mots de solidité, générosité, dévouement, courage, vérité, amitié, fierté, bonheur, esprit de corps, reconnaissance, et surtout richesse humaine et 2e chance, reviennent souvent. Les officiers servant à titre étranger et les sous-officiers les plus anciens écrivent avec leurs mots. Le livre d’or est un véritable recueil de leurs lettres de noblesse : “la Légion a fait de moi un homme / les légionnaires m’ont donné la fierté, les copains la joie de vivre, et les chefs, grâce à eux, je me suis élevé / Qui savait à ce moment-là (l’engagement) que la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ? / Je remercie du fond du coeur la Légion étrangère pour avoir fait de moi ce que je suis : un homme comblé, serein, honnête et fidèle / La Légion est un monde juste où l’on est traité comme on le mérite, ni plus ni moins / La Légion ne change pas les hommes, elle les révèle à eux-mêmes".

Sans savoir sans doute ce qu’avait écrit le Maréchal Juin, l’un d’eux s’est exprimé comme un Maréchal : “J’ai vu plus d’étoiles dans les yeux des légionnaires qu’il n’y en a dans le ciel”.

Et le temps passera…
Revenons au début de la citation du Maréchal Juin. En cette période estivale marquée par les mutations et les départs, qui sont souvent sources d’inquiétudes provoquées par le saut vers l’inconnu, rappelons-nous ce qu’écrivait dans ses souvenirs le général du Barail, ministre de la guerre sous Mac Mahon : “Les corps dans l’armée ont une existence intellectuelle et morale, en quelque sorte indépendante des hommes qui la composent, et les mutations aussi nombreuses qu’on les suppose, sont impuissantes à modifi er les traditions de leur berceau. Cela se conçoit du reste, puisque ces mutations sont individuelles et espacées, et puisque les nouveaux venus, fondus dans l’ensemble, prennent facilement le ton du Régiment dont le fond reste immuable”.

À ceux qui nous quittent, qui sont ou vont être mutés, j’exprime ma reconnaissance pour ce qu’ils ont apporté à leur régiment, à leurs chefs, à leurs camarades et aux légionnaires, en servant honnêtes et fidèles la Légion étrangère. N’ayez pas peur du saut dans l’inconnu, ou de la découverte d’une nouvelle affectation. Ces remises en cause sont nécessaires ; elles représentent un défi à relever : c’est la nouvelle mission à remplir, qui nous permet à tous de forger un avenir digne de notre passé.

Dans ce KB, un hommage particulier est rendu au général de corps d’armée Bouquin et au colonel Mercury qui ont fait leur adieu aux armes en juin. A ces deux officiers d’exception, je leur transmets une autre lettre de noblesse tirée du livre d’or “des Maréchaux” : “on ne quitte jamais ce que l’on aime !” Bon vent !

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 09:12

30-06-2015

Là où personne ne va…

Plus de 300 km à pied dans la Selva amazonienne, sur la frontière entre la Guyane et le nord du Brésil, le 3e REI encadre le Raid des 7 bornes, une expédition menée par des cadres et légionnaires avec des chercheurs du CNRS, partis à l’aventure le 1er juin dernier pour plusieurs semaines, dans l’une des régions les plus inhospitalières au monde. Cette mission profonde constitue un défi logistique, scientifi que et humain inédit en forêt tropicale. Le 3 n’avait pas réalisé ce type d’opération conjointe depuis des années.

L’objectif consiste, d’une part, à réaliser des relevés géographiques et des inventaires botaniques, d’autre part, sur le plan militaire, il s’agit d’une mission de souveraineté dans la recherche de renseignements sur les activités humaines dans la zone frontalière, notamment sur l’orpaillage illégal. Il s’agit aussi de perfectionner les techniques de progression dans ce milieu sauvage, chaud et humide bien connu des cadres et légionnaires du 3e REI.

Le Raid des 7 bornes fait référence aux 7 bornes en béton plantées au début des années 1960 tout au long de cette ligne de frontière franco-brésilienne, au tracé en certains endroits hasardeux et qu’il convient de remettre à jour, lors de cette expédition d’Est en Ouest, relevés GPS à l’appui. KB suivra cette mission emblématique tout au long de l’été pour relater son évolution. Selva !

Après quatre années passionnantes à Képi blanc, je passe les brides à mon successeur, le capitaine Ghislain Vaganay et lui confie à mon tour le “fauteuil de Clémenceau”, ainsi que l’attachante équipe du magazine à qui je tire mon chapeau pour le travail accompli ensemble. Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de publication, le lieutenant-colonel Jullien pour sa confiance et son soutien. Merci à nos lecteurs pour leur fidélité, aux anciens pour leurs conseils et enfi n à nos correspondants dans les régiments pour leurs contributions nombreuses et vitales. Longue vie à Képi blanc !

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 10:55

Les Français viennent de célébrer, le 8 mai, le 70e de l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie en attendant celle du Japon, le 2 septembre...

Les Français viennent de célébrer, le 8 mai, le 70e de l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie en attendant celle du Japon, le 2 septembre. Mais leurs dirigeants se souviennent-ils de ce qui leur en a coûté :

- de ne pas avoir conçu et préparé un outil militaire moderne et entraîné, capable de vaincre un ennemi pourtant bien identifié?

- de ne pas avoir conduit une politique de Défense en cohérence avec la politique étrangère ?

- d’avoir abusivement lié notre politique étrangère à celle de leur allié britannique, dont la situation géographique, pourtant, n’avait rien de comparable ?

- d’avoir refusé de voir la montée en puissance inexorable d’une idéologie conquérante et d’une armée de 3 millions d’hommes ?

- d’avoir cru, après la terrible saignée de la Première Guerre mondiale, que celle-ci était effectivement la « der des der » et d’avoir tiré, comme on le dirait aujourd’hui, les «dividendes de la paix »?

Il y a là matière à réflexion pour notre époque !


De l’effondrement au redressement

Alors que l’Allemagne nazie mobilisait toutes ses ressources et organisait méthodiquement le travail de son peuple et la montée en puissance de son armée, la France, après avoir privilégié l’acquisition de nouveaux droits et réduit le temps de travail, n’a entendu les bruits de bottes qui résonnaient au-delà du Rhin que trop tardivement.

Pourtant, qui ne sait que la paix se défend en préparant la guerre, avec rigueur et constance ? Faute de clairvoyance et de vision politique courageuse à long terme dans les années 1930, notre pays a subi, pendant cinq ans, une guerre entraînant la mort de plus de 560 000 Français, militaires et civils, et faisant des millions de blessés. La France en est sortie exsangue et divisée, marquée à jamais par le poids de l’humiliation.


La France s’est finalement redressée grâce à l’héroïsme, d’abord, de quelques Françaises et Français, et d’étrangers pour lesquels notre pays était devenu leur patrie d’accueil. Puis la Résistance n’a cessé de croître, pour compter à la fin de la guerre, plusieurs centaines de milliers de combattants.

Ces hommes et ces femmes qui venaient d’horizons différents et de toutes les couches de la société n’étaient ni de droite ni de gauche, mais avant tout des patriotes.

C’est aussi grâce à Koenig, qui, tenant Bir Hakeim, a donné aux Anglais les délais supplémentaires pour arrêter l’Afrika Korps avant qu’elle n’atteignît Suez.

C’est Juin, qui a ouvert la route de Rome aux Alliés en contournant les troupes allemandes par un itinéraire impossible.
C’est Leclerc, qui, après une épopée incroyable, a libéré Paris et Strasbourg comme il en avait fait le serment à Koufra.
C’est enfin de Lattre, qui, avec une armée de 350 000 hommes composée de vétérans de l’Armée d’Afrique et d’évadés venus de Métropole puis, après son débarquement en Provence, de jeunes résistants « amalgamés », a pénétré en Allemagne, conquis Stuttgart et eu l’honneur de signer, au nom de la France, la capitulation allemande. Leclerc signera à son tour la capitulation japonaise, quatre mois plus tard, aux côtés de Mac Arthur.

Cette histoire est celle du redressement extraordinaire de la France initié le 18 juin 1940. C’est à des chefs militaires exemplaires, à des soldats français ou servant la France avec amour, à des maquisards courageux prêts au sacrifice, aux agents des réseaux de renseignement trop souvent occultés et sans lesquels les Alliés n’auraient pu réussir les opérations de débarquement, notamment en Normandie, que nous devons d’être libres aujourd’hui, non à une classe politique épuisée qui s’est montrée aveugle.


Connaître l’Histoire de France : un devoir

La connaissance de l’histoire nationale est essentielle pour comprendre les faits et en tirer des enseignements. Si l’Histoire ne se répète jamais à l’identique, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Seuls l’effort, le courage, la clairvoyance et l’unité du peuple permettent de conduire un projet politique qui garantisse la sécurité et l’indépendance de la Nation. C’est d’ailleurs pour cette raison que le général de Gaulle rappelait que « la Défense est le premier devoir de l’État », car la protection des Français, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale reposent d’abord sur la force de nos armes.

Dans ces conditions, tout ce qui contribue à effacer chez les Français la connaissance et la compréhension de leur histoire, fondement de leur identité, tout ce qui gomme les héros et le patriotisme – dont la fête officielle, le 2e dimanche de mai, a été passée sous silence –, tout ce qui conduit les responsables politiques à culpabiliser systématiquement notre peuple en s’adonnant ridiculement au rite de la repentance, affaiblit la France au même titre que de ne pas attribuer aux armées des ressources financières suffisantes.

C’est pourquoi l’ASAF est engagée dans un combat contre la désinformation et les manipulations de notre histoire militaire.

Elle se bat pour que notre pays dispose aujourd’hui, et plus encore demain, comme cela n’a pas été le cas, hélas, il y a 75 ans, d’une armée forte, bien équipée et entraînée, connue et soutenue par des Français unis et fiers de leur histoire, pour faire face à ses devoirs et être capable d’assumer ses responsabilités.

LA RÉDACTION

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20 juin 2015 6 20 /06 /juin /2015 18:49

La Légion honore ses héros...

Depuis sa création en 1831, la Légion étrangère a été engagée dans la plupart des conflits auxquels a participé la France. De la Kabylie au Mexique, du Tonkin à Verdun, en passant par les campagnes de la Seconde Guerre mondiale, puis en Indochine et en Algérie. La Légion s’est illustrée partout. Plus récemment, elle a été engagée en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, au Mali, en Centrafrique et à présent au Sahel. Les commémorations du combat de Camerone chaque 30 avril sont ainsi l’occasion de rendre hommage à tous ces légionnaires morts pour la France, des héros souvent anonymes qui ont combattu pour une patrie qui n’était pas la leur.

À Aubagne, à la Maison mère, Camerone était placé cette année sous le signe du 70e anniversaire de la Libération sous la présidence du général de Villiers, chef d’État-major des Armées. Plus de 300 képis blancs étaient sur les rangs, avec une participation de cadres et légionnaires du 2e REI et du 4e RE. Rituellement, le temps fort fut la présentation de la main en bois du capitaine Danjou qui était portée par l’adjudant-chef (er) François Monarcha, ancien du RMLE qui fut l’un des premiers à entrer dans la ville de Colmar en février 1945 à la tête de sa section. Il était encadré de l’adjudant-chef Alexander Rowe du 2e REI, ancien la 13e DBLE, et du brigadierchef (er) Mohamed Termellil, ancien du 1er REC. Tous trois représentaient ainsi les unités de Légion qui ont combattu pour la libération de la France en 1945.

Bien évidemment, dans les autres régiments de Légion, a été célébrait le combat de Camerone, comme le veut la tradition, ainsi qu’en opération extérieure, en outre-mer et à l’étranger. Soulignons cette année, la première prise d’armes de Camerone du 1er Régiment étranger de cavalerie depuis son installation à Carpiagne qui s’est déroulée sur la plage de la ville de Cassis à la tombée du jour.

Soldats d’hier à Camerone, ils sont les héros d’aujourd’hui qui inspirent notre jeunesse et les générations de légionnaires à venir.

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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 17:28

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 777

L’honorariat est la dignité d’une personne honoraire, c’est-à-dire de celle qui porte un titre sans fonction. Il s’agit ainsi d’une marque de gratitude et de considération envers une personne qui a rendu des services éminents à l’institution qui l’honore.

Les origines de l’honorariat

Dans le milieu militaire, l’attribution d’un grade honorifique trouve son origine dans la nomination du général Bonaparte au grade de caporal en mai 1796, suite à la prise du pont de Lodi, à laquelle il avait participé physiquement aux côtés de ses hommes. À l’époque, le grade de caporal n’était attribué qu’au prix d’un acte de bravoure exceptionnel. L’honorariat au titre d’une arme apparut plus d’un siècle plus tard, après la 1re Guerre mondiale, sans aucune règle fixe.

À la Légion, c’est le général Rollet qui lança cette tradition, en restant d’ailleurs très mesuré dans l’attribution de cette mesure de gratitude. Véritable fondateur de la Légion “moderne”, visionnaire, le général Rollet, nous a montré la route à suivre en nommant à l’honorariat, avec parcimonie, des personnalités très diverses :
messieurs Jean Brunon et Pierre Benigni, respectivement rédacteur en chef et illustrateur du livre d’or édité pour le centenaire de la Légion étrangère en 1931. Monsieur Brunon gravira par la suite dans l’honorariat les grades de caporal puis de caporal-chef ; des chefs de guerre, offi ciers ou sous-offi ciers, ayant vaillamment combattu au sein ou aux côtés des unités de Légion étrangère, notamment au Maroc lors de la guerre du Rif. Citons parmi eux le capitaine Léopold Davout d’Auerstaedt, pilote de chasse, nommé légionnaire de 1re classe d’honneur, et le chef de bataillon Albert du 2e Régiment de tirailleurs marocains, nommé sergent d’honneur. Notons que ce grade ne sera donné qu’une autre fois, en 1941, au commandant Brignaudy, le pacha du Sontay, “le bateau de la Légion” qui transportait les légionnaires en Extrême-Orient ; des médecins militaires ; maître Danjou, notaire à Chalabre, le petit-neveu du capitaine Danjou, et qui fi t don au musée de la tunique et des médailles ayant appartenu à son grand-oncle ; une femme, madame Léone Lapidus, correspondante d’André Gide à Marrakech.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, le général Rollet avait fixé le cap : l’honorariat à la Légion doit concerner des militaires et des civils, des hommes et des femmes qui, soit ont coopéré ou combattu en opérations de manière exemplaire avec des unités de Légion, soit, hors contexte opérationnel, ont rendu des services exceptionnels à la Légion étrangère. Géré comme une coutume, laissé longtemps à la discrétion des chefs de corps, voire occasionnellement à celle d’associations d’anciens, l’honorariat est, depuis 2004 et pour toutes les armes, encadré par une directive du chef d’État-major de l’armée de Terre.

Qui sont ces légionnaires d’honneur ?

Aujourd’hui, la Légion étrangère recense un peu plus de 1 200 personnes qui ont reçu cette distinction. Il faudrait un livre pour toutes les citer, et souligner les liens profonds qu’elles ont eus ou ont encore avec la Légion. La liste de ces légionnaires honoraires est longue : 7 légionnaires, près de 1 100 légionnaires de 1re classe, une petite centaine de caporaux ou brigadiers, une douzaine de caporaux-chefs ou brigadiers-chefs, deux sergents, et un seul sergent-chef, le prince Louis II de Monaco, “le prince soldat” qui voulut qu’à ses obsèques, sur le parvis de la cathédrale de la Principauté, ne soient joués que l’hymne monégasque et Le Boudin.

La majorité de ces légionnaires d’honneur ont été nommés en période de guerre : Seconde Guerre mondiale (350) Guerre d’Indochine (500), Guerre d’Algérie (115). Dans les années 1930, ils étaient seulement une cinquantaine à être nommés. Après la Guerre d’Algérie et jusqu’en 1971, une vingtaine. Puis vinrent des années “vides” jusqu’à la fin des années 1970. Ils furent ensuite 80 jusqu’en 2004, et depuis, une soixantaine. Parmi eux, citons les quatre maréchaux de France de la Seconde Guerre mondiale, des chefs d’État-major des armées ou d’armée, de nombreux officiers généraux français ou étrangers, de nombreux officiers, beaucoup d’infirmières ou assistantes sociales pendant les périodes de guerre, un couple présidentiel, un ancien président de la République, des anciens ministres, un roi, des princes, des princesses, un marquis, des académiciens, des préfets, des ambassadeurs, des consuls, des écrivains, des historiens, des journalistes, des maires, des oenologues, des secrétaires d’associations, des artistes, des juristes, des bâtonniers, des avocats, des évêques, des aumôniers catholiques ou protestants, des missionnaires, des peintres, des photographes, des “pachas”, des pilotes, le champion de boxe Marcel Cerdan, des cantinières, des comptables, un explorateur, des artisans, des commerçants, des architectes, et bien d’autres personnes regroupées sous le terme générique de bienfaiteur ou bienfaitrice de la Légion étrangère.

Le sens de l’honorariat aujourd’hui

Aujourd’hui, l’honorariat est toujours attribué en témoignage de gratitude “pour services éminent” rendus à la Légion étrangère. La procédure est centralisée depuis 2004, et les critères de proposition ont toujours les deux volets majeurs choisis par le général Rollet : le comportement exemplaire au combat ou en campagne, avec ou aux côtés des unités de Légion étrangère ; hors du contexte opérationnel, la participation de façon exceptionnelle à la défense de la Légion et à son rayonnement, ou la réalisation à son profi t d’un travail tout-à-fait remarquable. Seuls le grade de caporal et la distinction de 1re classe ont été conservés de nos jours. Par délégation du général chef d’état-major de l’armée de Terre, la décision d’attribution de la distinction de légionnaire de 1re classe d’honneur est prise par le général commandant la Légion étrangère, sauf lorsque les propositions concernent des hautes personnalités étrangères.

Le grade de caporal d’honneur est en principe réservé aux officiers généraux, français ou étrangers, et soumis pour décision auprès du cabinet du ministre. L’honorariat n’est ni une récompense, ni un dû, ni une fl atterie, ni un hochet. Il est d’abord un signe du coeur. Le réseau d’amis qu’il crée ne se raisonne pas en termes de services rendus, d’obligations à rendre, ou de calculs. Sa logique est autre. Il s’agit d’abord de se reconnaître autour d’une identité commune, celle de Monsieur Légionnaire, pour qu’animés par elle, le commandement de la Légion étrangère et l’impétrant témoignent de leur attachement commun à la famille qui les unit. Car l’honorariat, pour la Légion étrangère, c’est d’abord la manière simple de rendre hommage, de manière gratuite et désintéressée, aux amis de la Légion étrangère qui rentrent dans la famille parce qu’ils se sont distingués par leur abnégation, leur dévouement, et leur attachement à tous ces étrangers devenus fi ls de France, non par le sang reçu mais par le sang versé. Dans notre société du paraître, où le “bonjour, s’il vous plait, merci” n’existe quasiment plus, même pour aller chercher son pain à la boulangerie, l’honorariat est aussi un signe d’espérance, dont la fl amme est entretenue par la certitude que l’âme de Monsieur légionnaire peut faire de grandes choses. Ce mois-ci, deux offi ciers généraux en activité, sont mis à l’honneur : bienvenue à eux dans la famille légionnaire !

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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 17:58

Que n’avons-nous pas lu ou entendu quand le président de la République a annoncé, le 29 avril, à la suite d’un Conseil de Défense, que 3,8 Mds € supplémentaires seraient alloués à la Défense entre 2016 et 2019 ! Certains commentateurs ont estimé que c’était un « cadeau fait aux armées » sans parler de ce journaliste expert du « secret défense » s’alimentant aux couloirs du ministère, qui a même parlé du retour aux « gros bataillons » ! La communication politique, qui devrait être d’abord pédagogique, devient intoxication grâce à quelques relais complices.

Retour en arrière et mise en perspective

Le Livre blanc rédigé en 2013 analysait de manière assez exacte la situation internationale et les menaces à venir. En revanche, il définissait, sur la foi de « stratèges » irresponsables, peu au fait des réalités opérationnelles, des capacités militaires très en dessous des besoins permettant de faire face, dans la durée, aux menaces.
La Loi de programmation militaire 2014 – 2019 fixait donc les ressources budgétaires pour atteindre ce nouveau modèle d’armée, considérablement réduit par rapport au précédent, alors que les menaces s’avéraient plus nombreuses, plus probables et plus rapprochées. C’est ainsi que le contrat opérationnel passait de 30 000 soldats projetables en 2007 à 15 000 en 2013 et le nombre d’avions de 70 à 45 ! 34 000 postes devaient être supprimés pendant cette période en plus des 47 000 qui l’avaient déjà été durant la loi précédente.
Bref, l’armée perdait en 10 ans 80 000 hommes, soit ¼ de ses effectifs. Cette réduction intervenait après de nombreuses autres déflations antérieures transformant nos forces en armée d’échantillons.

Le sens de la déclaration du 29 avril

Ce Conseil de Défense est intervenu près de quatre mois après les attentats du 7 janvier à Paris et le déploiement de 10 000 soldats en 72h pour participer à la protection de points jugés sensibles que les forces de sécurité intérieure (les 250 000 personnels que comptent la Police et la Gendarmerie) ne pouvaient pas assurer seules.
Le maintien pour une durée indéterminée de 7 000 d’entre eux sur le territoire métropolitain, va bien au-delà du contrat opérationnel tel qu’il était fixé dans le Livre blanc.
Il a donc été décidé de sauvegarder 18 500 postes sur les 34 000 qui devaient être supprimés pour permettre aux armées de remplir la mission Sentinelle. Sans ces effectifs, la mission ne pouvait pas être assurée, sauf à les prélever sur nos capacités d’action déjà insuffisantes. La déflation initialement prévue est donc ramenée à 15 500.

Le budget de 2015 est maintenu et garanti à son niveau initial de 31,4 Mds €. C'est-à-dire que les effectifs qui ne sont pas supprimés devront être financés sur ce budget « sanctuarisé » alors que l’on sait déjà que le surcoût lié aux Opex dépassera, comme l’an dernier, la somme prévue dans le budget.

Sur les 3,8 Mds € supplémentaires alloués à la Défense, 600 millions le seront en 2016 et 700 en 2017, le reste étant prévu au-delà des élections présidentielles. Autant dire que l’engagement réel du Président ne porte en fait que sur 1,3 Mds €… qui couvrent essentiellement les frais du personnel maintenu.
Cette analyse montre que les décisions prises en Conseil de Défense, loin d’être un « cadeau », étaient indispensables et urgentes, faute de quoi nos armées n’étaient plus en mesure de remplir toutes les missions qui leur sont confiées.
Depuis plusieurs mois, tous les chefs d’état-major tiraient déjà le signal d’alarme. Le niveau d’entraînement baisse, le rythme de remise en état du matériel revenant d’Opex est insuffisant et les conditions de vie du personnel se dégradent. L’armée se paupérise. La part du PIB consacrée à la Défense, aujourd’hui inférieure à 1,5%, est insuffisante pour faire face au présent et préparer l’avenir..

Pour le futur

Dire que la France n’a plus les moyens pour financer sa Défense est faux. A la fin des années 70, la part de la Défense s’établissait à 3% du PIB. En fait, la Défense et le déficit budgétaire systématique ont financé depuis plus de 30 ans des dépenses sociales qui ont atteint aujourd’hui un niveau devenu insupportable. Le bilan est une Défense amoindrie qui ne cesse de décliner et une dette qui continue de croître.

Il est indispensable que les futurs candidats à l’élection présidentielle de 2017 s’attachent à définir d’abord un projet politique clair et une ambition pour la France, précisant sa place et son rôle dans le monde. Ce n’est qu’à partir de cette réflexion portant sur le long terme qu’ils devront définir des capacités d’action nécessaires pour nos armées et leur donner les moyens financiers adaptés.

Le temps des rustines est terminé, surtout dans les fonctions régaliennes de l’Etat, d’autant que la vision à court terme et l’amateurisme de beaux parleurs sont mortifères. Voici venir le temps de la clairvoyance et de l’effort, du courage et de la persévérance.

La REDACTION de L’ASAF
(www.asafrance.f
r)

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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 15:15

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 776

La 3e du 1er est morte, mon colonel, mais elle en a assez fait pour que, en parlant d’elle, on puisse dire : elle n’avait que de bons soldats !” Cette magnifique phrase a été écrite par le caporal Berg, qui fut désigné par les autres survivants du combat de Camerone pour adresser le 1er mai un compte-rendu de la bataille au colonel Jeanningros. Elle nous amène d’emblée à réfléchir sur ce que et sur qui sont ces bons soldats de Camerone.



Qu’est-ce qu’un bon soldat ?
Ardant du Picq, mort pendant la guerre de 1870 des suites de ses blessures, voulut “étudier l’homme dans le combat, car c’est lui qui fait le réel” : “Ce qui constitue surtout le soldat, le combattant capable d’obéissance et de direction dans l’action, c’est le sentiment qu’il a de la discipline, c’est son respect des chefs, sa confiance en eux, sa confiance dans les camarades, sa crainte qu’ils puissent reprocher de les avoir abandonnés dans le danger, son émulation d’aller où vont les autres, sans plus trembler qu’un autre, son esprit de corps en un mot”.
Cette définition, qui est le fruit de l’expérience d’un grand chef militaire, est très juste, mais elle reste cependant descriptive de l’état du bon soldat. Il est nécessaire à mon sens d’y ajouter la dimension, du “pourquoi” du passage à l’acte héroïque des bons soldats.



Ce “pourquoi”, c’est d’abord pour le légionnaire l’identification personnelle à une famille, dans laquelle il se reconnait progressivement et avec effort, à laquelle il donne tout, et pour laquelle il ne lâche jamais rien. Cette famille lui donne comme vertus essentielles l’honneur et la fidélité. Dans le Testament de Camerone, le général Olié aborde cette question de l’honneur légionnaire. L’honneur dicte durement les limites du bien et du mal, et détermine le devoir du légionnaire : agir par devoir, c’est-à-dire en faisant violence à sa propre nature. “C’est à ce degré élevé que se réalise la mue de l’homme en soldat, quand, libéré par son adhésion, il ne ressent plus sous le képi blanc les contraintes de la discipline mais perçoit en revanche la fierté de son appartenance à la Légion, fierté faite de l’estime de soi et de celle de ses pairs, et qui implique l’acceptation totale du devoir et la détermination d’être toujours digne du patrimoine de gloire que ses anciens ont légué”.



Ce “pourquoi”, c’est aussi la fidélité, comme le souligne à nouveau le général Olié, car “elle aide l’homme à rester sur la route choisie malgré les obstacles du chemin. Fidélité envers ce que l’on veut devenir et être, fidélité envers ses camarades, fidélité envers ses chefs… Plus accessible que d’autres qualités, elle caractérise le bon légionnaire “honnête et fidèle” chanté par le 1er Étranger de Cavalerie”.



Ce “pourquoi” ne s’inculque pas en un jour. Nos anciens l’avaient compris, quand en 1937 ils éditèrent le mémento du soldat de la Légion étrangère, afin “de lui donner tout ce dont il a besoin pour tenir sa parole de soldat”. Aujourd’hui, son successeur, le Code d’honneur du légionnaire, lui dicte les limites du bien et du mal, et lui détermine son devoir.



Qui étaient ces bons soldats ?
Ils avaient d’abord un grand chef : le capitaine Danjou, désigné pour la mission, mais dont le caporal Maine dira : “Je le reverrai toujours, avec sa belle tête intelligente, où l’énergie se tempérait si bien par la douceur…Il nous appelait par nos noms.” Pour le caporal Berg, “le capitaine Danjou était splendide par son ardeur et son sangfroid. Il allait d’un côté à un autre et sûrement, si l’un d’entre nous n’avait pas eu le courage, il l’aurait acquis rien qu’en le regardant”.

Les chefs de section étaient solides et courageux : élève indiscipliné du Prytanée militaire de la Flèche, engagé à la Légion étrangère en 1854, combattant à Alma, Sébastopol et Magenta, le sous-lieutenant Vilain a été tué d’une balle en plein front, en traversant la cour de l’hacienda après avoir encouragé les légionnaires de la brèche sud-est à tenir leur position. Le souslieutenant Maudet était “un de ces vieux braves comme on en choisissait alors pour porte drapeau” (général Zédé). Le caporal Berg écrira de lui : “C’était magnifique de voir le sous-lieutenant Maudet, seul à la tête de quelques hommes, tirer au fusil comme un soldat quelconque. Il ne voulait pas se rendre, et au moment de tomber, il venait de faire feu”.

Parmi les sous-officiers, le sergent-major Tonel et le sergent Germeys ont fait la guerre de Crimée et la Campagne d’Italie. Les sergents Morzycki et Schaffner sont anciens d’Italie. Seul le sergent Palmaert, 21 ans, va connaître le baptême du feu à Camerone.



Les légionnaires ont à peine plus de 25 ans en moyenne. Deux d’entre eux n’ont pas 18 ans. Les plus anciens, plus de quarante. Un tiers de la compagnie a entre 3 et 9 mois de service. Le deuxième tiers a entre un et 4 ans de service, avec pour certains, une expérience du combat. Le 3e tiers, le plus homogène est constitué de vieux soldats de la guerre de Crimée ou de la Campagne d’Italie. L’amalgame entre jeunes et anciens est une vraie richesse pour la compagnie. Maintenu jusqu’à nos jours, il est un gage de succès à la Légion étrangère, car non seulement il permet le transfert des savoir-faire de l’ancien au jeune au quotidien, mais surtout, c’est lui qui donne au plus jeune le supplément d’âme de la famille légionnaire.



Parmi ces bons soldats, certains ont connu la deuxième chance offerte par la Légion : le caporal Berg, ancien bigor qui a accédé à l’épaulette en Crimée au 1er Zouaves, a participé à l’expédition de Syrie, puis a été traduit devant un conseil d’enquête suite à des écarts. Il a démissionné et s’est engagé à la Légion étrangère.



L’héroïsme au combat touche également des légionnaires lourdement sanctionnés pour leurs méfaits en service : Daglinks condamné à un an de prison pour refus d’obéissance en 1861 ; Constantin, condamné une première fois, en décembre 1855, à 7 ans de travaux publics pour désertion. Gracié en 1859, il a été condamné à 2 ans de prison, en février 1860, pour “vente de petit équipement et disparition d’effet d’habillement, de grand et de petit équipement et de campement”. Il rechutera, après sa libération par les Mexicains. Catenhusen, huit ans de service dont quatre passés sous les barreaux, pour “outrage à supérieur par la parole et le geste et menaces”.



On peut donc faire des miracles au combat, avec des serviteurs qui chutent : il faut avant tout qu’ils aient eux-mêmes la volonté et la conviction de s’identifier comme de vrais légionnaires.


Que nous ont légué ces bons soldats ?
Ils ont donné Camerone, à la Légion étrangère et aux armées françaises : le nom de la célèbre hacienda est devenu symbole des plus hautes vertus militaires, dont la première, la fidélité à la parole donnée. Les hommes du capitaine Danjou ont eu confi ance dans la mission reçue. Bien qu’isolés, leur détermination a été inébranlable. Ils n’ont pas cédé, ils ne se sont pas laissé impressionner par l’écrasante supériorité du nombre. Ils ont eu le courage de donner leur vie pour la réussite de la mission. Mais leur plus grande victoire est le respect qu’ils ont inspiré à l’ennemi : “On ne refuse rien à des hommes comme vous !”. Ce testament qu’ils nous ont légué, c’est le triomphe du “malgré”, comme le dit clairement le général Olié : “Rien de grand ne s’accomplit que “malgré”, malgré les obstacles dont le plus sévère est l’égoïste instinct de conservation. Tout le courage du soldat est fondé sur le triomphe de ce “malgré. Ce testament s’est concrétisé maintes fois lors des combats ultérieurs dans lesquels les légionnaires ont voulu se montrer dignes de leurs Anciens. Il reste d’actualité et doit nous animer, comme notre tradition vivante.


Joyeux Camerone !

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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 10:46

Monsieur le Président ;

Dans le cadre de la commémoration du 70e anniversaire de la libération de la France, vous avez décidé du nom des quatre Français qui seront honorés lors d’une cérémonie au Panthéon le 27 mai prochain à l’occasion de la journée nationale de la Résistance.
Si trois des quatre noms font l’unanimité, celui de Jean Zay suscite la réprobation de la plupart de nos compatriotes, dès lors qu’ils connaissent son poème outrageant.
Récemment, le général de corps d’armée Dominique Delort, président du comité national d’entente des présidents d’associations auquel l’association de soutien à l’armée française (ASAF) appartient, et qui regroupe plusieurs centaines de milliers d’adhérents, vous a adressé à ce sujet une lettre restée à ce jour sans réponse.
La Constitution, dont le président de la République est le garant, stipule dans son article 2 que « l’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. »
Aussi, au regard des commémorations en cours - centenaire de la Grande Guerre, 70e anniversaire de la libération de la France -, mais aussi de la contestation des symboles de la République et des valeurs nationales par une partie des jeunes Français, et des sacrifices consentis aujourd’hui encore par nos soldats, il est évident que le poème insultant écrit par Jean Zay en 1924 sur notre emblème national constitue un obstacle, à notre sens, insurmontable pour faire de cet ancien ministre une référence nationale.
Son sordide assassinat en 1944 par des miliciens n’a pas fait de lui un héros, une référence pour la Nation, mais simplement une victime comme il y en eu des dizaines de milliers, hélas, durant la Seconde Guerre mondiale.
Pourquoi, dans ces conditions, maintenir un choix qui affaiblit notre pays, insulte les Français et discrédite un lieu où reposent de grandes figures nationales dont un héros de la Résistance unanimement reconnu, Jean Moulin ?
L’ASAF a présenté au comité d’entente le nom de jeunes résistants particulièrement exemplaires parmi lesquels trois ont été cités dans la lettre du comité national d’entente citée supra.
Elle vous propose de substituer au nom de Jean Zay, celui d’un de ces résistants âgés de 16 à 22 ans, qui se sont sacrifiés pour leur pays et son drapeau en s’écriant : « je meurs pour ma Patrie » et « vive la France ». Ils avaient l’âge qu’avait Jean Zay quand il a écrit ce poème odieux.
En faisant rentrer au Panthéon un jeune résistant en lieu et place de Jean Zay, vous seriez fidèle à votre engagement de donner toute sa place à la jeunesse.
Vous donneriez à tous les jeunes Français, dont certains, sans repère, s’engagent dans les rangs des ennemis de notre pays et servent un nouveau totalitarisme, un exemple indiscutable d’amour de la Patrie et de fierté nationale.
Ainsi vous feriez du Panthéon, ce que vous souhaitiez en faire : « un lieu de renforcement du pacte républicain ».
En maintenant Jean Zay, vous accréditeriez l’idée que le drapeau puisse être insulté sans que l’auteur des insultes soit sanctionné, et qu’il puisse même être, au contraire, honoré.
Comment pourrez-vous sanctionner ceux qui demain le saliront?
Quelle fierté auront nos sportifs en brandissant ce que Jean Zay appelait un « ignoble symbole » ?
Quelle leçon d’instruction civique sera crédible quand celui qui pourrait ainsi entrer au Panthéon, par ailleurs ancien ministre de l’Education nationale, a traité l’emblème national de « torche-cul » ?
Que penseront les Français de vous quand ils verront flotter cette « saloperie tricolore » le 8 mai, sous l’Arc de Triomphe, quand vous vous recueillerez devant la tombe du Soldat inconnu ?
Que signifiera désormais votre salut respectueux, dans la cour des Invalides, devant le cercueil recouvert d’une « immonde petite guenille » d’un soldat « Mort pour la France » ?
Monsieur le Président, comme de nombreux Français nous le disent chaque jour, je vous propose, de revenir sur le choix inacceptable de Jean Zay.
Il faut y substituer un jeune héros français qui redonnera à nos concitoyens leur fierté et montrera aux autres nations la valeur que nous attachons aux symboles de notre Patrie.
Si vous mainteniez le nom de Jean Zay, nul doute que les Français seront nombreux le 27 mai à refuser d’honorer un homme qui a insulté de la pire manière notre Drapeau, et à dénoncer ce qui s’apparenterait à une forfaiture.
Soyez assuré, monsieur le Président, de la haute considération que je porte à celui qui a le devoir de placer l’honneur de notre pays au dessus des ambitions personnelles et de servir l’intérêt général de la France avant celui de groupes d’influence quels qu’ils soient.

Henri Pinard Legry

Président de l’ASAF

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5 avril 2015 7 05 /04 /avril /2015 09:31

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 775

En 1990, dans sa directive sur les traditions à la Légion étrangère, le général Le Corre, qui nous a quittés l’an dernier, écrivait : “La tradition peut se définir comme la manière d’agir ou de penser, transmise de génération en génération. Pour nous, légionnaires, elle est l’expression, léguée par nos anciens, de notre identité et de notre spécificité physique et morale. C’est-à-dire que les traditions ne se limitent pas à la célébration de nos fêtes, à notre uniforme, à nos chants et aux usages et coutumes qui nous distinguent des autres armes : ce ne sont là que les manifestations extérieures de traditions beaucoup plus profondes. Leur domaine est très vaste et nous les retrouvons dans beaucoup d’aspects de la vie de tous les jours, car elles sont le fondement de cet esprit de corps qui fait notre force. Elles sont les références de ce que j’appellerai la “société légionnaire”. Quelles que soient leur origine et leur ancienneté, les hommes qui composent la Légion étrangère ressentent plus ou moins distinctement leur appartenance à cette société, à cette famille. Nous constatons que la qualité des liens qui les attachent à la Légion est conditionnée par la connaissance et le respect de nos traditions”.

Les traditions de la Légion étrangère font donc partie intégrante de son patrimoine et de sa culture ; elles ont été forgées au fil des ans, elles sont aujourd’hui garantes de son identité et de son unité et elles restent un facteur essentiel d’intégration et de cohésion. Certaines sont très anciennes et trouvent leurs origines dans des coutumes antérieures à sa création. D’autres sont plus récentes ; leur adoption prouve la capacité de la Légion étrangère à s’adapter à son temps, et démontre que ces traditions ne sont pas figées, mais appelées à évoluer.

Ces traditions, léguées par nos anciens sont :
- au premier rang d’entre elles, le caractère sacré de la mission, mis en exergue par la commémoration du combat de Camerone, érigée en rite annuel ;
- la rigueur dans l’exécution, qui conditionne le succès de la mission ;
- la solidarité, qui est le ciment entre les légionnaires de toutes origines ;
- le culte du souvenir, qui est le trait d’union entre la Légion d’active, celle des anciens, et nos morts.
Quant au Code d’honneur, il est l’expression écrite de ces
valeurs.

Dans son remarquable ouvrage “Monsieur légionnaire”, le général Hallo, fait, au feu, chevalier de la Légion d’honneur par le général de Lattre de Tassigny à Colmar en 1945, puis officier du même ordre par le général Zeller en 1952, écrivait : “Le culte des traditions est pour la Légion étrangère à la fois le garant de son identité et le ferment indispensable à son éthique. Ses traditions sont nées d’un siècle et demi d’incessantes campagnes et du folklore des armées de l’Europe entière, de gestes d’héroïsme mille fois répétés, et de l’orgueil d’un corps qui tient lieu de Patrie. Ses traditions imprègnent maintenant sa vie, rythment son pas, président à ses fêtes, et engagent à jamais ceux qui servent dans ses rangs”.

C’est cet engagement à jamais du légionnaire, qui est en fait La tradition. Le recueil des traditions de la Légion étrangère, édité par le général commandant la Légion étrangère en 2005, le précise d’ailleurs clairement : “à l’instar de toute l’armée française, nous n’avons qu’une et une seule Tradition, c’est de “Servir”. Celle-ci est immuable. La finalité de ce recueil est d’en fixer les modalités d’application qui sont les traditions. Elles ne sont donc pas intangibles et il nous appartient de les faire vivre”.

Pour les faire vivre, attachons-nous d’abord à bien les connaître, puis à les transmettre avec foi aux plus jeunes. Nous sommes en effet tous responsables de l’héritage que nous transmettons à nos successeurs. Innovons, mais sélectionnons ce qui en vaut la peine, sans nous laisser infl uencer par les modes, ni permettre les déviations de coutume qui n’apportent rien à la Légion.

More majorum !

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