La comtesse du Luart, infirmière lors des campagnes de la légion étrangère, est inhumée à Sainte-Geneviève. Les soldats lui rendent hommage aujourd’hui.
Florian Loisy | Publié le 25.01.2013
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De tous ses titres, c’est sans doute celui dont elle aurait été le plus fière. Comtesse du Luart par son mariage en France, Leila Hagondokoff, princesse d’une lignée russe, est devenue la « marraine » de la légion étrangère au cours de la Seconde Guerre mondiale qu’elle a passée à soigner les soldats.
Comme chaque année impaire depuis ses obsèques il y a vingt-huit ans, les principaux dirigeants de la légion étrangère viennent se recueillir sur la tombe de leur « marraine ». « C’est l’une des femmes les plus décorées de France* », rapporte Georges Lelu, le président de l’Association des amis de l’histoire de Sainte-Geneviève. Le parcours de cette « princesse courage », née à Saint-Pétersbourg en 1898, a inspiré plusieurs livres et journaux de l’époque.
Cette jeune infirmière de 19 ans quitte la Russie au cours de la révolution bolchevique. Elle part pour Shanghai puis les Etats-Unis, avant de rallier la France. Mannequin pour Chanel, la fille du général Hagondokoff rencontre le comte Ladislas du Luart avec lequel elle se marie. Durant la guerre d’Espagne (1936-1939), la comtesse du Luart crée, finance, mais aussi anime et dirige une cellule chirurgicale mobile, capable de porter assistance aux soldats blessés au front.
Aucune autre armée dans le monde ne possède alors une antenne de soins de ce type. Aux côtés des chirurgiens militaires, l’infirmière-chef participe à la bataille de France en 1940. Elle est en première ligne aussi lors des campagnes de Tunisie et d’Italie auprès du maréchal de Lattre de Tassigny et de l’armée américaine du général Clark. Héroïne de la Seconde Guerre mondiale, elle devient à la demande du lieutenant-colonel Miquel « marraine » de la légion étrangère dès 1943. Le 24 décembre de la même année, celle que l’on surnommera aussi la Grande Dame de Mamora offre un cadeau de Noël à tous les légionnaires rassemblés dans la clairière de la Mamora (Maroc). Un peu plus tard, elle crée un centre de repos dans le port d’Alger, sur ses finances personnelles, pour les militaires en permission.
A sa mort, le 21 janvier 1985 à l’Hôpital américain de Neuilly, elle a l’honneur de funérailles militaires aux Invalides, panthéon des héros. Puis le 25, la comtesse du Luart est escortée jusqu’au lieu de son dernier repos, au cimetière orthodoxe russe de Sainte-Geneviève, par un détachement de son « cher » régiment étranger de cavalerie. Les légionnaires entretiennent et se transmettent aujourd’hui encore son histoire.
* Commandeur de la Légion d’honneur, officier du Mérite national, titulaire de la croix de guerre…
Le Parisien