Quand il combat à Camerone, Philippe Maine porte déjà une Légion d’honneur gagnée au feu en Crimée comme simple caporal des Chasseurs à pied. Quand on le retrouve à la tête de ses hommes à Bazeilles comme capitaine adjoint d’unité, il est administrativement en congé de convalescence. Blessé deux fois, il continue le combat. Prisonnier, il s’évade. Terrassé par la maladie, il lève encore l’arme vers l’ennemi et le voilà lieutenant-colonel, chef de corps d’un régiment de 5000 hommes face aux Prussiens. Le Sentier des Braises est son histoire, celle d’un guerrier d’une modernité incroyable et d’une trempe exemplaire.
Pour Guy Sallat, le travail d’historien se rapproche des métiers du renseignement. C’est en véritable enquêteur qu’il a entrepris de relever le défi de suivre à la trace ce survivant de presque toutes les guerres de son temps. Durant trois ans, il a écumé les archives nationales et de la défense, celles de la Légion, allant puiser jusque dans les sources mexicaines, russes ou prussiennes pour croiser les informations avant de les valider. C’est ainsi qu’il a débusqué le compte-rendu fait par le colonel Milan, chef de l’armée mexicaine à Camerone à son ministre de la guerre, le soir même du 30 avril 1863. Un écrit jusque-là inédit.
Dans le même registre, il a réussi à identifier assez clairement l’action presque heure par heure de chacun des régiments de la division bleue durant les fameux combats commémorés par les troupes de marine les 31 août et 1er septembre 1870. Il n’avait pas manqué d’en présenter le détail devant la promotion « Division bleue » de Saint Maixent en novembre 2020 et devant les cadres du 2ème de marine plus récemment. Voilà que cette découverte est maintenant gravée dans le marbre.
Dix fois Philippe Maine aura changé d’arme et renoncé aux avancements pour partir au combat, le voilà tour à tour zouave, fantassin de ligne puis du bataillon d’Afrique, tirailleur sénégalais, franc-tireur, garde mobile. C’est un héros de l’interarmes et de tous les grades. D’ailleurs, il a donné son nom à une promotion de l’École militaire interarmes. La Légion a redécouvert ce héros oublié au début des années 1960. Mais aucun travail approfondi d’historien n’avait été jusque-là entrepris pour retrouver son parcours opérationnel complet.
Son profil Wikipédia, qui présente des photos d’illustres inconnus pour le représenter, une erreur des années 30 qui se perpétue, et qui s’égare dans nombre d’inexactitudes, résume l’approximation qui a présidé cependant à cette époque, à la résurrection mémorielle de Philippe Maine. D’ailleurs, on lui attribue à Mussidan le nom d’une ruelle avec le prénom Louis qui fut le petit nom que lui donnaient ses intimes, précédé du grade de Caporal quand il finit sa carrière comme Lieutenant-colonel, chef de corps d’un régiment de 5000 hommes.
Voilà un ouvrage passionnant qui, à la manière des mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, est présenté à la première personne, ce qui lui donne une approche intimiste très appréciable : Philippe Maine nous confie sa vie comme il le ferait à un frère d’arme. Le récit est précis, ciselé, alerte. Le lecteur se fait prendre au jeu à coup sûr.
Guy Sallat nous fait découvrir avec brio ce Second Empire qui mérite tant d’être mieux connu tout en nous faisant rencontrer un archétype du résilient, un fils d’étranger devenu modèle, un symbole vivant de l’engagement, un modèle indéniable de serviteur loyal de la France, un militaire du rang d’exception, un sous-officier exemplaire, un officier d’envergure. Un homme qui cristallise des valeurs qui fondent encore aujourd’hui la singularité du soldat français : l’humanité, l’engagement total, le sens du devoir en conscience.
Format 16/24, 364 pages ; ISBN 978-2-9555430-7-8.
25 euros port compris chez OD2C 29 rue de l’avenir 93800 Épinay-sur-Seine (contact contact@od2c.eu)
Disponible dans toutes les librairies.
Les droits d’auteurs et remise libraire des livres qui seront vendus dans un cadre défense seront reversés aux entraides Légion, Troupes de marine, Chasseur ou à Terre fraternité en fonction de l’organisateur de ces évènements