En octobre dernier, la rédaction a pu pénétrer entre les murs de la légendaire légion étrangère de Castelnaudary. Reportage.
11/12/2015 à 15:23 par Lola Monset
Depuis sa création, la légion étrangère passionne et captive l’attention de l’opinion publique. De nombreuses légendes et mythes circulent à son propos. Tantôt perçus comme des super-héros, tantôt comme des tortionnaires, les légionnaires, toujours, fascinent. Parce qu’ils sont des hommes de guerre formés pour combattre et donc pour tuer. Parce qu’à la différence de l’armée, « la régulière » comme ils la surnomment, ils sont pour la plupart étrangers, prêts à donner leur vie pour la nation française. Parce que cette formation qui réussit l’exploit de modeler 152 nationalités différentes en un même moule est unique au monde.
Cette fascination est d’autant plus vraie aujourd’hui, à la lumière des événements récents. Les attentats du vendredi 13 novembre à Paris ont ravivé la flamme nationaliste et avec elle la soif de combattre l’ennemi qui porte désormais le nom de Daech. De même que le débat sur le service militaire obligatoire est déterré, nombreux sont les jeunes français qui vont, selon les dires de l’armée de terre, grossir les rangs des corps armés ces derniers jours.
Même si notre reportage prend place avant les attentats du 13 novembre, ils n’ont finalement pas eu d’impact sur le fonctionnement du 4ème régiment qui est un régiment d’instruction. Il n’est pas question d’envoyer des jeunes non performants sur le terrain. « Nous pouvons mobiliser le régiment à condition que cela rentre dans l’instruction. Nous l’avons déjà fait en 1999 pour venir en aide à la population après la tempête et les inondations dans la région. Monter la garde peut aussi faire partie de l’instruction », explique François Hervé-Bazin, officier supérieur adjoint du 4ème régiment, notre guide (voir article).
Par contre notre enquête débute après ceux de Charlie Hebdo du 7 janvier dernier. Et c’est à cette date que les chiffres changent véritablement.
Avant 2015, le président François Hollande avait engagé une déflation de 34 000 hommes dans les rangs de l’armée. Un chiffre qui devait se traduire par des départs en retraite non remplacés, des recrutements revus à la baisse et des renvois. La légion étrangère recrutait donc entre 800 et 1 000 hommes par an.
Après les attentats de Charlie Hebdo, la déflation a été corrigée à 24 000 hommes.
La légion est donc passée depuis le mois d’avril à un recrutement de 1 800 légionnaires par an.
———————————————————————————————–
C’est lui qui nous ouvre les portes du 4ème régiment étranger. Il sera notre guide tout au long de ce reportage : le Chef de bataillon François Hervé-Bazin, officier supérieur adjoint est également en charge de la communication du régiment.
Qui de mieux placé pour nous parler de la légion qu’un soldat qui enregistre près de 25 ans de carrière dans ces régiments étrangers ?
Passionné par son métier, l’officier supérieur adjoint tient son poste à Castelnaudary depuis plus de deux ans. Sans tabou, le chef de bataillon connaît le quartier Danjou sur le bout des doigts et répond à toutes les questions posées.
Issu du 2ème régiment étranger de parachutistes, François Hervé-Bazin est l’exemple type de l’ascenseur social que représente la légion. Ce système se veut basé uniquement sur le mérite et sélectionne et forme ses élites en son sein, sans apport extérieur.
Bon à savoir
1831 : création officielle de la légion étrangère par le roi Louis-Philippe pour l’employer en Algérie
1863 : l’emblématique bataille de Camerone où une soixantaine de légionnaires de la compagnie du capitaine Danjou résistèrent à 2000 Mexicains pendant une journée
1976 : arrivée du 4ème régiment de la Légion étrangère à Castelnaudary
20 millions d’euros : c’est ce que rapporte la légion à la commune de Castelnaudary chaque année