Le 4ème régiment étranger de Castelnaudary, régiment d’instruction, voit passer tous les futurs légionnaires. Il forme également les caporaux et sous-officiers.
11/12/2015 à 15:20 par Lola Monset
Le 4ème régiment de la légion étrangère est un régiment d’instruction uniquement. Cela signifie donc que tous les légionnaires passent par le régiment basé à Castelnaudary. Une sélection des candidats est d’abord effectuée au centre de Paris (Fontenay-sous-Bois).
Officiellement, seuls les étrangers de 17 à 39 ans sont admis. Dans la réalité, il y a de nombreux français à qui l’on donne une identité d’emprunt pendant l’instruction. La formation de légionnaire dure 16 semaines, dont quatre semaines au sein de la ferme (voir article, samedi 12 décembre).
Le « moule » à la française
Toute la difficulté mais aussi la richesse de cette formation sera de créer un « produit dégrossi » identique. Tels sont les mots employés par François Hervé-Bazin. 152 nationalités se côtoient entre les murs du régiment. Mis à part ceux originaires de pays francophones, la plupart ne savent pas un mot de français en arrivant. À la fin de cette période, ils ressortent avec un bagage d’au moins 500 mots de français. La langue n’est d’ailleurs pas la seule difficulté. « Il y a une grande différence de culture entre un Japonais et un Russe par exemple, commente l’officier, on leur apprend la culture française, comment se comporter dans un restaurant ou respecter les femmes. »
Le « produit dégrossi » devra donc comprendre :
> le savoir-faire : sport, tir, combat, rusticité et santé au programme.
> l’intégration : elle comprend l’apprentissage du français et le brassage des cultures
Plus qu’une formation, la légion se veut une grande « famille ». Le code d’honneur et moral est un aspect majeur du légionnaire. Un certificat de bonne conduite lui sera d’ailleurs remis au terme de ces quatre mois.
Viendra ensuite le moment de l’affectation en régiment (parachutiste, infanterie, cavalerie, génie). Ces affectations peuvent être imposées, même si la plupart du temps le choix du légionnaire est respecté. « À 90 % il y a une bonne répartition qui se fait, ils ont tous des choix et des envies différentes », explique le commandant.
Les autres formations
Le 4ème régiment a l’apparence d’une petite ville. Il dispose d’un ensemble de structures entre ses murs afin d’assurer l’ensemble de ses formations : piscine couverte, restauration, hôtellerie, piste d’instruction de conduite, salle de simulation de tirs, etc.
Au sein de ce régiment sont aussi formés des cadres, caporaux et sous officiers. Les meilleurs légionnaires sont repérés en régiment puis renvoyés à celui de Castelnaudary pour y suivre une formation de caporal.
De même, le régiment de Castelnaudary assure la formation de spécialistes : santé, administration, restauration, mécanique, etc. Nombreux sont ceux qui sont renvoyés au 4ème régiment pour l’instruction élémentaire à la conduite. D’autres sont affectés à des stages de neuf semaines dans le domaine de l’administration. « Il s’agit généralement de francophones, nous confie François Hervé-Bazin, il y a des prérequis et un niveau minimum demandé en français. En général, on a beaucoup de Malgaches. » L’officier avoue d’ailleurs que pour la plupart des légionnaires cette spécialité est imposée, rarement choisie. C’est le cas d’un jeune légionnaire présent au stage qui nous confie être là à cause d’un problème au genou.
« La différence avec la régulière (l’armée) c’est que tout le monde sait se servir d’une arme. Ils doivent être capables de tenir à tout moment un poste de combattant », explique François Hervé-Bazin. Le légionnaire pourra donc se spécialiser en mécanique ou en cuisine, il reste avant tout un soldat.
Les droits du légionnaire
Chaque légionnaire signe un contrat de cinq ans qui comprend une période probatoire de six mois, renouvelable une fois. Il pourra renouveler ce contrat autant de fois qu’il le souhaite.
Ils obtiennent un titre de séjour de dix ans et peuvent demander la naturalisation française à partir de trois ans de service s’ils le souhaitent. Ils deviennent également des ayants droit à vie à la solidarité de la légion étrangère.
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« Nous ne cherchons pas à connaître le passé de nos légionnaires. Ça ne nous regarde pas. Tout le monde a le droit à une seconde chance », prévient François Hervé-Bazin.
Le recrutement des candidats n’est plus celui d’antan. Parce qu’il n’y a pas de fumée sans feu, la légion a donné pendant un temps la possibilité aux criminels d’acquérir une nouvelle identité et d’endosser le passé du légionnaire. « Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Nous avons assez de candidats pour ne pas s’embêter avec des criminels. Pour une place, on a jusqu’à douze postulants. Nous pouvons accepter les petits délinquants parce qu’ils peuvent avoir des compétences intéressantes sur le terrain comme les hackers ou même les voleurs de mobylettes. Mais nous n’acceptons ni les violeurs, ni les assassins », explique François Hervé-Bazin.
Et pour s’en assurer une enquête est menée lors de la sélection des candidats. L’identité et le passé du postulant sont vérifiés minutieusement. Il se peut que le candidat passe trois semaines dans l’enceinte du centre de recrutement afin que toutes ces données soient examinées. « Ils m’ont gardé pendant des semaines parce qu’ils voulaient savoir pourquoi mon père avait fait de la prison. Alors que moi-même je n’étais pas au courant ! », nous confie un légionnaire d’origine malgache.
Bon à savoir
Le recrutement de la légion est le reflet de la situation géopolitique internationale du moment. À l’heure actuelle, les légionnaires accueillis à Castelnaudary sont originaires :
25 % du monde slave et Asie du nord
20 % d’Europe centrale et balkanique
18 % du monde occidental
11 % de France
10 % d’Asie
10 % d’Afrique et monde arabe
6 % d’Amérique latine
Chiffres en constante évolution et donc approximatifs